Le temps de sommeil dont on a besoin varie avec l’âge. En cause? La qualité du sommeil n’est pas la même à 3 et à 60 ans.

Sommeil: pourquoi nos besoins changent avec l’âge?

 

Le temps de sommeil dont on a besoin varie avec l’âge. En cause? La qualité du sommeil n’est pas la même à 3 et à 60 ans.

 

Tout au long de notre vie, l’éventail de nos nuits se déploie très largement. Nourrissons, nos besoins de sommeil peuvent aller jusqu’à 17 heures. Cette quantité nécessaire diminue ensuite jusqu’à l’adolescence pour s’établir dans une fourchette de 7 à 8 heures. Et, après 65 ans, c’est encore un peu moins. Mais, souligne une étude parue récemment dans la revue scientifique Neuron, c’est davantage la capacité à dormir que les besoins qui se réduisent en vieillissant.

 

Un constat que partage le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre, spécialiste du sommeil et présidente du réseau de soins Morphée: «Globalement, sur vingt-quatre heures, la durée de sommeil n’est pas très modifiée. Mais lorsque l’on prend de l’âge, on dort avec un rythme différent, et le sommeil est souvent fractionné». Notre sommeil change en qualité…

L’enfance, période de mise en route du sommeil

 

Que se passe-t-il dans la prime enfance? Le rythme naturel d’endormissement se met en place à partir de quatre à six semaines, grâce aux «donneurs» de temps que sont l’alternance du jour et de la nuit, les repas, mais aussi l’heure du coucher et du lever: c’est ainsi que, petit à petit, le bébé va «faire ses nuits». La durée des cycles de sommeil, elle, passe progressivement des 50 à 60 minutes du nouveau-né aux 90 à 120 de l’adulte, dès 3 à 4 ans.

Parallèlement, les siestes, au nombre de trois dans les toutes premières semaines, vont disparaître. Vers 6 mois, il n’y en a plus que deux, vers 18 mois plus qu’une, et entre 4 et 6 ans, elles sont peu à peu totalement supprimées: on estime qu’à 4 ans, la moitié des enfants pratiquent encore la sieste en début d’après-midi, contre 5 % à 6 ans et 1 % à 7 ans. Mais elles vont réapparaître après la cinquantaine…

Une sieste de 20 minutes très positive

 

D’après le Pr Matthew Walker, coauteur de l’article de Neuron, 10% des adultes de 55 à 64 ans font la sieste, et 25% entre 75 et 84 ans. Pour une moitié d’entre eux, elle survient de façon imprévue: cela témoigne de nuits moins reposantes, plus hachées et plus courtes. La durée du sommeil profond et réparateur, qui augmente pendant la petite enfance, baisse entre 6 et 10 ans pour se stabiliser autour de 25% du temps total de sommeil. Avec l’âge, ce sommeil devient moins profond, avec des ondes lentes moins amples.

 

Ces modifications ont un retentissement important. Car un sommeil plus fragile et davantage d’éveils nocturnes peuvent donner l’impression d’avoir moins dormi. Sans compter que passé un certain âge, comme l’explique le Dr Sylvie Royant-Parola: «On va au lit plus tôt, on devrait donc se réveiller plus tôt, ce que généralement, on ne fait pas. D’où un temps passé au lit trop important, et, en arrière-plan, un sommeil fractionné et une somnolence tout au long de la journée.»

 

Bien souvent, les personnes âgées n’ont pas leur quota de repos et s’en plaignent – à raison! Mais, souligne le Dr Sylvie Royant-Parola, elles peuvent y remédier: «Comme le sommeil de la personne âgée se modifie, il faudrait qu’elle se couche relativement tard, qu’elle se lève une fois réveillée, et qu’elle fasse une petite sieste – pas plus de 20 minutes.»

 

Enfin, pour mieux marquer la différence jour/nuit et ne plus lutter pour s’endormir le soir venu, on a tout intérêt à se promener au grand air. Et ce, à tout âge!

 

Source, Santé, le figaro, 25 juin 2019