Une étude réalisée par OpinionWay démontre que la crise actuelle pèse sur le moral et la santé des travailleurs, qu’ils soient restés à domicile ou se déplacent chaque jour.

La détresse psychologique est élevée pour 18% des salariés
La détresse psychologique est élevée pour 18% des salariés

Les répercussions du confinement sur l’état de santé psychologique des salariés sont importantes. C’est ce que révèle un sondage OpinionWay effectué du 31 mars au 8 avril auprès de 2 000 personnes pour Empreinte Humaine, cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie au travail. Près de la moitié des collaborateurs (44 %) présentent en effet anxiété et détresse psychologique. «Le confinement, tant dans le secteur privé que le public, engendre une surcharge de travail qui provoque une fatigue mentale et cognitive», pointe Jean-Pierre Brun, cofondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.

Dans le détail, plus d’un quart des salariés (27 %) éprouvent une détresse psychologique «modérée», pouvant entraîner des symptômes post-traumatiques. Elle se révèle même «élevée» pour 18 % d’entre eux, avec pour conséquence le risque d’un déclenchement de maladie mentale. Cette détresse sérieuse est plus marquée chez les femmes (22 %) que chez les hommes (14 %), note l’étude.

Un phénomène qui s’explique par le fait que nombre de ces dernières sont en première ligne dans les milieux de la santé ou de la grande distribution. Et lorsqu’elles sont en télétravail, si elles n’ont pas le stress d’être contaminées, elles assument bien souvent davantage que les hommes l’encadrement des enfants et l’intendance du foyer.

Les managers exposés

La situation est d’autant plus inquiétante que cette enquête ne porte que sur les trois premières semaines de confinement. Or, «plus le confinement se prolonge, plus il est un facteur de risque pour la santé mentale», souligne Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine.

In fine, c’est au total un quart des salariés qui est en risque de dépression nécessitant un traitement, soit 37,3 % chez les femmes et 28,9 % pour les hommes. Dans ce contexte, les managers sont également exposés : 20 % d’entre eux déclarent vivre une détresse psychologique élevée. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur leur rôle par rapport aux problèmes de leurs collaborateurs. Ils ont une surcharge cognitive, associée au travail et à leur vie personnelle.

D’après cette enquête, si le télétravail n’est pas un facteur de risque en lui-même, les conditions dans lesquelles il est exercé doivent être prises en compte. Ainsi, seulement 45 % des salariés peuvent s’isoler toute la journée pour travailler. Le confinement dans un logement de moins de 40 m² est un facteur de risque important, avec 24,6 % des répondants qui sont dans une détresse sérieuse.

La motivation professionnelle se dégrade au fil des semaines pour près d’un quart des salariés (24 %), un taux qui atteint les 50 % pour ceux qui se sentent en situation de détresse élevée. Si sept salariés sur dix considèrent que l’entreprise «fait son maximum» pour les aider, c’est en premier par leurs collègues qu’ils se sentent le plus soutenus (79 %), avant leur responsable direct (70 %).

 

Réf : Par Carinne Caillard Le Monde